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La crise de Goma en 2025 : entre implication africaine et silence des grandes puissances

par Abdoul KH.D. Dieng - 31 Jan 2025 -
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Depuis le début de l'année 2025, la ville de Goma, située à l'est de la République Démocratique du Congo (RDC), est en proie à une crise humanitaire et sécuritaire sans précédent. L'offensive des rebelles du M23, soutenus par des intérêts étrangers, a plongé la région dans un chaos total, forçant des centaines de milliers de personnes à fuir. Si certains États africains tentent de jouer un rôle dans la résolution de cette crise, la communauté internationale, en particulier les grandes puissances, semble observer dans un silence assourdissant.


Les affrontements entre l'armée congolaise (FARDC) et les rebelles du M23 ont atteint un niveau critique. Depuis plusieurs mois, les insurgés ont multiplié leurs attaques, s'emparant de plusieurs localités stratégiques aux abords de Goma. Le gouvernement congolais accuse ouvertement le Rwanda de soutenir les rebelles, une allégation rejetée par Kigali, mais qui est confirmée par plusieurs rapports d'experts de l’ONU.


Cette guerre éclaire menée par le M23 menace de plonger toute la région des Grands Lacs dans une instabilité encore plus grande. Des dizaines de milliers de civils fuient vers les zones environnantes, cherchant désespérément refuge dans des camps surpeuplés et insalubres. Le manque de vivres, d'eau potable et de soins médicaux accentue une crise humanitaire déjà dramatique.


L'implication mitigée des États africains


Face à cette menace, plusieurs États africains ont exprimé leur solidarité envers la RDC. L'Union Africaine (UA) a convoqué une réunion d'urgence pour discuter de la situation, mais les mesures concrètes tardent à se mettre en place. Le Kenya et l'Angola ont tenté une médiation diplomatique entre Kinshasa et Kigali, sans succès. Par ailleurs, des contingents de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) ont été déployés dans la région, mais leur efficacité est limitée face à des rebelles bien organisés et lourdement armés.


L’Ouganda et le Burundi, qui partagent des frontières avec l’est de la RDC, ont renforcé leur présence militaire pour prévenir toute propagation du conflit. Cependant, la méfiance entre ces nations et le gouvernement congolais complique la mise en place d'une force africaine unie et efficace. De plus, la présence de multiples groupes armés dans l'est de la RDC rend la situation encore plus complexe.


Le silence inquiétant des grandes puissances


Alors que la situation à Goma se détériore rapidement, la réponse des grandes puissances mondiales est pour le moins timide. L’ONU a condamné les violences et appelé au dialogue, mais aucune action concrète n’a été entreprise pour contenir la menace du M23. La MONUSCO, la mission onusienne en RDC, est de plus en plus critiquée pour son incapacité à protéger les civils et à neutraliser les groupes armés.


Les pays occidentaux, notamment les États-Unis et l’Union européenne, ont exprimé leur préoccupation sans toutefois imposer de sanctions sévères contre les acteurs impliqués dans la déstabilisation de l’est congolais. La France et la Belgique, anciennes puissances coloniales ayant une influence historique en RDC, sont restées largement en retrait, se contentant d’appels à la paix et à la diplomatie.


Cette inaction contraste avec la rapidité avec laquelle ces mêmes puissances interviennent dans d’autres conflits mondiaux. La crise en Ukraine, par exemple, a suscité une mobilisation massive des pays occidentaux, tandis que la tragédie qui se joue à Goma semble reléguée au second plan. Cette disparité alimente un sentiment d’abandon et d’injustice en Afrique, où de nombreux observateurs dénoncent un traitement inégal des crises internationales.


Quelles perspectives pour l’avenir ?


La crise de Goma met en lumière l'urgence d'une réponse africaine forte et coordonnée. Les États africains doivent surmonter leurs différends politiques pour proposer une solution viable à ce conflit qui menace l’ensemble de la région. Un renforcement des initiatives diplomatiques et une pression accrue sur les États accusés d’alimenter la guerre sont essentiels pour stabiliser la situation.


Quant à la communauté internationale, il est impératif qu’elle prenne ses responsabilités. Une intervention plus ferme de l’ONU, accompagnée d’un soutien humanitaire massif, pourrait atténuer les souffrances des populations locales. De plus, des sanctions ciblées contre les acteurs impliqués dans la déstabilisation de la RDC pourraient dissuader la poursuite des hostilités.


En attendant, Goma continue de souffrir sous les bombardements, tandis que le silence des grandes puissances résonne comme une indifférence face à une tragédie évitable. La question demeure : combien de vies devront encore être sacrifiées avant que le monde ne se décide à agir ?




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