L’influence de l’Iran dans la région du Sahel est une question complexe et multiforme qui continuera d’évoluer dans les années à venir. L’influence de l’Iran dans la région du Sahel s’étend en raison d’une combinaison de stratégies politiques, économiques et militaires. La région du Sahel, qui englobe 11 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre-Nord, est confrontée à des défis importants tels que la croissance démographique, la pauvreté, le changement climatique et les insurrections violentes. Pour résoudre ces problèmes, les gouvernements locaux recherchent une aide étrangère.
Alors que l’adversaire iranien, les États-Unis et Israël restent fixés sur les dangers potentiels émanant du croissant chiite dominé par l’Iran qui s’étend du Liban au Yémen, Téhéran pose discrètement les bases d’un deuxième croissant iranien qui présentera bientôt un péril important pour les intérêts américains dans la région du Sahel. Cependant, dans la région du Sahel, d’une importance stratégique pour l’Afrique, l’Iran exploite les vulnérabilités des puissances occidentales pour renforcer son influence économique et militaire, accéder à des ressources vitales, déstabiliser les gouvernements modérés et saboter le processus de normalisation israélo-arabe.
De plus, l’Iran a plusieurs objectifs dans la région du Sahel. Tout d’abord, il souhaite renforcer sa légitimité internationale et tirer parti de sa rivalité avec l’Arabie saoudite et l’Occident. En outre, l’Iran cherche à diffuser son idéologie chiite et à accroître les marchés pour ses exportations commerciales.
La région du Sahel abrite d’importantes communautés chiites, notamment en Guinée, au Mali, en Mauritanie, au Niger, dans le nord du Nigéria et au Sénégal. Ces communautés sont souvent considérées comme une minorité au sein de la population majoritairement sunnite, et leurs liens économiques et politiques sont influencés par leurs relations avec l’Iran et d’autres puissances régionales.
L’Iran entretient des relations diplomatiques bilatérales avec les pays du Sahel et a participé à de nombreuses visites de haut niveau et à des accords de coopération dans divers domaines, notamment la lutte contre le terrorisme, le développement économique et l’éducation.
Sur le plan économique, l’Iran cherche à accéder aux ressources naturelles de la région, comme l’or, l’uranium et d’autres minéraux précieux, pour répondre à ses besoins économiques. Il cherche également à fournir une assistance économique aux pays du Sahel, notamment des projets d’infrastructures, pour accroître son influence.
En outre, la récente vague de coups d’État dans la région du Sahel offre à l’Iran des opportunités de faire avancer son programme anti-occidental. Alors que les populations locales se lassent du néocolonialisme français et occidental, l’Iran peut capitaliser sur ce changement de dynamique régionale. Cela pourrait potentiellement conduire à un nouveau champ de bataille économique entre l’Iran et les puissances occidentales dans la région du Sahel. La Turquie, l’Iran et le Maroc se disputent une présence économique et militaire plus importante au Sahel, la Turquie vendant des drones de combat avancés et développant un corridor transsaharien allant du golfe de Guinée à l’Algérie.
L’engagement de l’Iran dans la région du Sahel a un contexte historique qui remonte au début des années 1980, après la révolution islamique de 1979. Avant cette période, l’Iran était aligné sur les États-Unis et leurs alliés pendant la guerre froide. Cependant, après la révolution, l’Iran s’est lancé dans une mission visant à diffuser les enseignements théologiques chiites radicaux en Afrique de l’Ouest/Sahel par divers moyens tels que des initiatives culturelles, diplomatiques et médiatiques. Cette entreprise s’est heurtée à l’opposition des pays et des groupes de la région dirigés par l’Arabie saoudite et soutenant ses intérêts.
Tout au long des années 1980 et 1990, l’Iran a maintenu des relations diplomatiques bilatérales avec les pays du Sahel, ce qui impliquait de fréquentes visites des dirigeants iraniens dans la région et des visites réciproques des dirigeants sahéliens à Téhéran. Cette période a marqué la poursuite des efforts de l’Iran pour établir et renforcer sa présence au Sahel. Dans les années 2000, l’implication de l’Iran dans la région du Sahel s’est intensifiée, avec un accent particulier sur la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme. En outre, l’Iran a cherché à promouvoir des liens économiques dans divers secteurs dans le cadre de sa stratégie d’engagement.
Au début des années 2010, l’ouverture diplomatique de l’Iran vers la région du Sahel s’est poursuivie, caractérisée par des visites de haut niveau et des accords de coopération dans de multiples domaines. Ces domaines de coopération comprenaient la lutte contre le terrorisme, le développement économique et l’éducation, reflétant l’approche multidimensionnelle de l’Iran pour étendre son influence dans la région.
Dans les années 2020, l’Iran a capitalisé sur le fossé grandissant entre les dirigeants du Sahel après le coup d’État et les pays occidentaux, notamment les États-Unis et la France. Ce fossé a donné à l’Iran l’occasion d’étendre davantage son influence dans la région. En tirant parti des relations tendues entre les dirigeants sahéliens et leurs homologues occidentaux, l’Iran a cherché à renforcer sa position et à étendre sa portée au Sahel.
La perception de l’influence de l’Iran au sein des communautés chiites locales du Sahel varie. Si certains considèrent l’Iran comme un défenseur de leurs intérêts et un promoteur de leurs croyances religieuses, d’autres envisagent son implication avec prudence. Ceux qui soutiennent la présence de l’Iran estiment qu’elle permet de contrebalancer l’influence des groupes extrémistes sunnites et des puissances occidentales, notamment en raison des liens historiques avec le Liban. En outre, ils apprécient les efforts de l’Iran pour diffuser les enseignements théologiques et les pratiques culturelles chiites, car cela renforce leur identité religieuse et favorise les liens avec d’autres communautés chiites dans le monde.
Cependant, les communautés d’affaires chiites locales, préoccupées par les dommages potentiels à leurs liens économiques et politiques avec les intérêts commerciaux sunnites et les entités pro-occidentales, ont tendance à maintenir un profil bas dans les activités politiques de soutien à l’Iran. De plus, l’attrait des groupes extrémistes sunnites dans la région, tels qu’Al-Qaida et l’État islamique, peut rendre certaines communautés chiites locales moins réceptives à l’influence radicalisante de l’Iran, car leur objectif principal est de contrer la menace posée par ces groupes. En outre, la nécessité de maintenir de bonnes relations avec des gouvernements majoritairement sunnites, qui peuvent se méfier de l’influence iranienne, contribue également à l’approche prudente des communautés chiites locales à l’égard de l’Iran.
Les stratégies de soft power de l’Iran dans la région du Sahel englobent une gamme variée d’approches, notamment des initiatives éducatives, culturelles et caritatives. Ces efforts multiformes sont soigneusement élaborés pour faire avancer les objectifs idéologiques et politiques de la République islamique, renforcer sa position internationale et étendre son influence dans la région.
Un aspect important de la stratégie de soft power de l’Iran concerne l’expansion de sa célèbre université islamique Azad au-delà de ses frontières nationales, avec un accent particulier sur la région du Sahel. Cette démarche stratégique constitue un élément crucial de l’approche sophistiquée de l’Iran pour promouvoir ses objectifs idéologiques et politiques. Conformément à cette stratégie, l’Iran a présenté des propositions visant à établir des branches de l’université islamique Azad dans des villes importantes de Syrie et d’Irak, notamment Damas, Karbala, Najaf, Bagdad, Bassora et Erbil. L’Iran cherche ainsi à consolider sa présence et son influence dans ces endroits clés, favorisant ainsi ses objectifs dans la région.
Un autre élément clé des stratégies de soft power de l’Iran est la promotion de l’islam chiite, en particulier dans les zones où vivent d’importantes populations chiites. Cela implique de fournir un soutien aux communautés chiites locales et de diffuser les enseignements théologiques chiites. En s’engageant activement dans ces efforts, l’Iran cherche à renforcer ses liens avec les pays du Sahel et à renforcer son influence auprès de la population locale.
De plus, les programmes d’échanges culturels jouent un rôle essentiel dans les efforts de l’Iran pour favoriser les liens avec les pays du Sahel. Par le biais d’initiatives éducatives et culturelles, l’Iran s’efforce d’approfondir ses relations avec les communautés locales, renforçant ainsi son influence dans la région. Ces programmes servent de plate-forme pour la compréhension mutuelle et la collaboration, facilitant la diffusion des valeurs culturelles et idéologiques de l’Iran.
De plus, les organisations caritatives iraniennes, telles que la Société du Croissant-Rouge, opèrent activement dans la région du Sahel, fournissant une aide humanitaire essentielle et des secours en cas de catastrophe. Ces efforts philanthropiques contribuent non seulement au bien-être de la population locale, mais servent également à cultiver la bonne volonté et à renforcer la réputation de l’Iran en tant qu’acteur bienveillant sur la scène internationale.
L’Iran profite de la fracture croissante entre les dirigeants du Sahel après le coup d’État et les pays occidentaux comme les États-Unis et la France. L’objectif de l’Iran est d’intervenir là où les troupes françaises sont parties et d’aider les forces armées locales à vaincre les organisations extrémistes musulmanes sunnites. Cette stratégie permet à l’Iran de faire avancer son programme anti-occidental et de contester l’autorité occidentale dans la région.
Des soupçons ont surgi concernant la collaboration de l’Iran avec la Russie pour supplanter l’influence occidentale au Sahel en offrant un soutien financier, une collaboration en matière de sécurité et une formation militaire. La présence de factions soutenues par l’Iran comme le Hezbollah dans la région suscite des inquiétudes quant à d’éventuels conflits par procuration et à de nouveaux troubles.
La région du Sahel regorge de ressources naturelles abondantes comme l’or, l’uranium, le lithium et d’autres minéraux. L’Iran cherche à exploiter ces ressources pour contourner les sanctions sévères et renforcer son économie, ce qui pourrait déclencher une rivalité économique avec l’Occident.
L’objectif de l’Iran est de propager ses croyances chiites dans la région du Sahel à prédominance sunnite, en soutenant les communautés chiites locales et en diffusant ses doctrines religieuses. Cette démarche pourrait aggraver les tensions sectaires et alimenter la radicalisation, surtout si elle entre en conflit avec l’attrait généralisé des groupes extrémistes sunnites dans la région. L’engagement de l’Iran au Sahel pourrait ouvrir la voie à des factions terroristes et extrémistes pour établir une présence dans la région, aggravant une situation sécuritaire déjà délicate.
En conclusion, l’Iran devrait renforcer sa présence dans la région du Sahel en approfondissant les partenariats économiques, notamment dans les domaines de l’exploitation des ressources naturelles et du développement des infrastructures. En outre, l’Iran continuera d’offrir une assistance et une formation militaires aux pays du Sahel, renforçant ainsi leurs capacités de défense et contrecarrant l’influence occidentale.
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