La rencontre imminente entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump à Washington, programmée pour lundi 18 août 2025, survient dans un contexte diplomatique particulièrement délicat. Elle fait directement suite au sommet en Alaska, tenu le 15 août entre Trump et Vladimir Poutine, au cours duquel aucun accord clair de cessez-le-feu n’a été conclu. Poutine en est ressorti avec une posture renforcée sur la scène internationale, tandis que Trump, malgré un ton plus conciliant, a esquivé toute promesse ferme, plaçant finalement la responsabilité de l’initiative de paix entre les mains de Zelensky.
À Washington, Zelensky s’apprête donc à négocier dans un cadre où les principaux enjeux sont diamétralement opposés : Trump pousse pour un accord global de paix, ce qui implique l’acceptation implicite de concessions territoriales, tandis que Zelensky et ses alliés européens insistent sur un cessez-le-feu préalable, la souveraineté ukrainienne et des garanties de sécurité solides.
Ce qui rend cette situation particulièrement complexe, c’est l’impression de marginalisation ressentie par les dirigeants européens, tant du côté russe que du côté américain. En effet, ils ne sont pas invités lors du sommet en Alaska, et leurs relais diplomatiques semblent relayer des positions secondaires face à la diplomatie directe entre Trump et Poutine. Ce sentiment est exacerbé par le fait que certains Européens, comme Starmer, Macron ou Merz, cherchent aujourd’hui à être présents à Washington, certains vont jusqu’à proposer une visioconférence ou accompagner Zelensky physiquement pour peser sur les discussions. Ce ressentiment traduit l’inquiétude d’être perçus comme des spectateurs d’un dialogue où leurs intérêts sont potentiellement sacrifiés.
Les conséquences d’un refus de Zelensky aux propositions de Trump sont nombreuses. Sur le plan diplomatique, refuser pourrait provoquer un désalignement avec les États-Unis, celui-ci pourrait ralentir ou réduire son soutien militaire ou politique, surtout si la pression de la Maison-Blanche s’infléchit vers la priorité d’un accord rapide. Sur le plan stratégique, c’est un risque accru de pousser l’Ukraine vers une position de faiblesse face à la Russie, tandis que Moscou pourrait en profiter pour accélérer ses offensives sur le terrain en particulier dans le Donbas ou dans d’autres régions clefs.
À l’inverse, si Zelensky accepte de discuter ou même d’accepter certaines concessions, cela affaiblirait considérablement les leaders européens, qui plaident pour une paix fondée sur la justice, l’intégrité territoriale et des garanties durables. Ils pourraient être contraints de réviser leurs propres sanctions contre la Russie ou leur soutien accru à l’Ukraine, ce qui affaiblirait la cohésion de l’Ouest face à Moscou.
Dans cette configuration, la question des perspectives est donc centrale. Si Zelensky reste ferme, cela peut maintenir la cohésion transatlantique, mais expose l’Ukraine à un risque d’isolement. S’il fléchit, cela affaiblirait politiquement l’Europe, renforcerait indirectement la position russe, et risquerait de créer un précédent pour des négociations territoriales futures sans la participation des Européens.
Cette situation oblige l’Europe à se réinventer diplomatiquement : certains dirigeants proposent déjà de renforcer leur rôle en organisant des vidéoconférences permettant de coordonner la stratégie de paix avant et pendant la réunion de Washington. D’autres envisagent un déplacement massif à Washington pour exercer une influence directe auprès de Trump, afin de s’assurer que leurs valeurs et leurs lignes rouges soient prises en compte dans toute négociation.
En réalignant leurs efforts, les Européens montrent qu’ils refusent d’être simplement les spectateurs d’un jeu de puissances entre Moscou et Washington. Leur défi est donc double : préserver leur crédibilité tout en restant un partenaire indispensable de l’Ukraine et des États-Unis. Quoiqu’il advienne de la décision de Zelensky face aux propositions de Trump, l’équilibre géopolitique en Europe et la solidité des alliances transatlantiques seront profondément impactés.
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